Dans les années 1950, l’urbanisation du quartier du Petit-Ry situé sur le plateau proche de la gare d’Ottignies amène le besoin d’un lieu de culte. À l’initiative du commissaire général du Saint-Siège à l’Expo 58 et bourgmestre d’Ottignies, Yves du Monceau de Bergendal, l’architecte Pierre Pinsard est sollicité pour transposer la chapelle du Saint-Sacrement qu’il avait intégrée au pavillon du Saint-Siège de l’Expo 58 dans une nouvelle église circulaire.
Figure marquante du renouveau de l’architecture religieuse en France après la Deuxième Guerre mondiale, Pierre Pinsard reprend les éléments qui ont fait le succès de la chapelle du Saint-Sacrement : le mobilier liturgique, une atmosphère de dépouillement et la forme courbe omniprésente.
Extérieurement, l’édifice cylindrique annonce la modernité et la simplicité de son intérieur par ses hauts murs de briques saillantes, son couronnement de béton brut et son toit plat d’où émergent de hauts lanterneaux cylindriques en béton. La présence et la fonction de ce lieu de culte sont marquées par un campanile en béton composé de deux demi-cylindres adossés. L’entrée se fait sous un vaste auvent horizontal qui sert de toiture au baptistère et à l’ancien confessionnal, espaces annexes relégués hors du cercle afin de garantir une unité d’espace à l’intérieur, tout comme la sacristie adossée à l’arrière de l’église.
Par le choix d’une forme circulaire, l’architecte participe aux recherches de nouvelles formes d’architecture religieuse de son époque. Le plan en croix latine est abandonné au profit de formes géométriques simples comme le cercle, l’ovale, le triangle ou le carré. Cette disposition nouvelle permet un contact rapproché entre les fidèles et le célébrant rassemblés autour de l’autel, considéré comme le centre de l’église.
L’espace intérieur est éclairé par neufs lanterneaux cylindriques de tailles différentes, qui créent une ambiance tamisée sur l’assemblée et mettent l’autel en exergue. Le mur est entièrement recouvert d’un décor en briques saillantes en quinconce qui représente la vallée de larmes du Salve Regina.
Sur le modèle de la chapelle Notre-Dame-du-Haut à Ronchamp du Corbusier, Pinsard intègre un espace interstitiel entre les murs et la voûte de béton. Il y crée une bande de lumière pour alléger visuellement le plafond qui semble ainsi flotter.
Christophe Mouzelard