Entre grange et architecture-sculpture, l'habitation personnelle de l'architecte Henri Chaumont transcrit dans sa complexité formelle les impulsions issues de son environnement et la spontanéité créative permise par l'autoconstruction. Arrimée sur une crête au cœur de Mormont, elle adosse au centre du village un soubassement de pierre qui s'effiloche, se tord et se mue progressivement en une structure légère pour entamer un élan de projection vers l'arrière-plan paysager et le lever du soleil. La composition de la maison s'inspire des édifices ruraux aux murs épais surmontés d'une charpente en bois qu'elle réinterprète dans l'expression d'une assise massive et informe contenant des pièces voûtées en périphérie de la nef du séjour, couronnée d'un enchaînement de portiques menuisés. La complexité qui se dégage de la construction conjugue les esquisses intuitives au potentiel structurel et expressif des matériaux de construction issus de déchets de carrières et de scieries. Processus expérimental étendu sur plus de douze années de chantier, l'autoconstruction de cette maison naît de croquis vifs et spontanés que la mise en œuvre et l'expérimentation directe de la matière concrétisent, précisent et transcendent. Cette liberté formelle, indissociable du processus artisanal et sculptural de construction et du rapport sensible de l'édifice à son environnement, inscrit l'habitation dans la postérité du mouvement organique de fin de siècle dont l'ambassadeur liégeois, l'architecte Jacques Gillet, fut le professeur d'Henri Chaumont.
François Gena
Sources |
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Louis-Philippe Breydel & Donatienne de Sejournet, Vivre en Wallonie, Bruxelles, Racine, 2007, p.104-111. |
Anne-Catherine Berckmans & Marie-Françoise Plissart & Admon Wajnblum, «Atterrissage en douceur» dans Bois et Habitat : 10 ans d'architecture contemporaine, n° 1, Bruxelles, éditions Luc Pire, 2009, p.110-119. |
Joël Claisse & Pierre Loze, Belgium new architecture = Belgique nouvelles architectures, Bruxelles, Prisme, 2001, p.148-151. |