Construit en deux temps, l'Athénée est constitué de deux ailes parfaitement symétriques de part et d'autre d'un haut portique abritant une cage d'escalier monumentale. Cette architecture éclectique aux accents Art nouveau révèle l'idéologie très forte du projet culturel, politique et social qu'elle sous-tend, véritable allégorie de la laïcité. Des lotus stylisés figurent, en stuc, sur les piliers du portail d'entrée. Au sommet de l'arc, un globe terrestre est frappé de la mention Scientia vincere tenebras. La toiture à l'impériale, aujourd'hui disparue, était coiffée d'une lanterne flambeau, symbole de l'enseignement laïque. Vu le succès rencontré, l'Athénée est agrandi dès 1910 par Paul Dubail qui adjoint un corps en U au creux duquel la cour de récréation se termine en un préau couvert. En 1913, Raoul Warocqué lui confie la construction sur le site du Lycée pour jeunes filles. L'architecte se base sur le prototype de l'École modèle bruxelloise avec préau central. Le style est néo-Renaissance flamande avec des éléments décoratifs inspirés de l'Art nouveau. Comme pour l'Athénée, la référence à la franc-maçonnerie apparaît discrètement : sur deux cartouches de la façade, la quinzième lettre de l'alphabet latin est remplacée par un signe égyptien signifiant l'éternité. Les deux plaques commémoratives en marbre du hall, comme les appuis de fenêtre, sont ornées de symboles du lever du soleil dans l'art égyptien. Sur le plan architectural, la cour intérieure couverte, aux proportions parfaites, est remarquable. Toutes les classes donnent sur ce bel espace sobrement décoré par le subtil dialogue de couleurs des briques émaillées. Ce qui distingue cette architecture des écoles catholiques rivales de l'époque, c'est le soin porté, pour l'aération et l'ensoleillement des classes, aux grandes baies vitrées au sud des classes et, pour l'hygiène, le recours au grès cérame et aux carrelages vernissés dans les sanitaires. Les établissements étaient dotés d'équipements modernes : laboratoires de chimie, « cabinet » de physique, « lavatories », chauffage à vapeur, éclairage électrique, terrains de sport (tennis), salle de gymnastique « suédoise », cabinet médical et chambrettes individuelles pour les internes.
Ludovic Recchia
Sources |
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Marie-Françoise Tilliet-Haulot & Annie Verbanck-Pierard & Marie-Cécile Bruwier, Franz Cumont & Mariemont - La Correspondance adressée par Franz Cumont à Raoul Warocqué de 1901 à 1916, Mariemont, Musée royal de Mariemont, 2005, p.104-108. |
Marie-Cécile Bruwier & Gilles Docquier & Benoit Goffin, Mémoires d'Orient du Hainaut à Héliopolis, Morlanwelz, Musée royal de Mariemont, 2010, p.379-384. |
Gaëtane Warzee, Le patrimoine moderne et contemporain de Wallonie de 1792 à 1958, Namur, DGATLP, 1999, p.161-165. |