Maison Darville

Jalon XX

Né à Mont-sur-Marchienne en 1910, Darville fut directeur de l'Académie des beaux-arts de Charleroi durant vingt-cinq ans, où il enseigna également la sculpture. Attiré par l'architecture de Marcel Leborgne, le sculpteur fait appel à lui pour cette réalisation qui constitue un manifeste de l'architecture moderniste dans la région. La façade principale s'articule en deux plans, reliés par une courbe qui assouplit l'aspect cubique du volume. Les baies en bandeau, dont celles de l'étage, reliées par des panneaux de briques émaillées noires, sont, comme la toiture plate, des éléments du Mouvement moderne. Bien que présentant encore de nombreux codes de la tradition bourgeoise, la maison offre un plan d'une grande rationalité. Le hall d'entrée sépare l'espace en deux : d'un côté, l'habitation principale, tandis que, de l'autre, on accède à un appartement de concierge, aujourd'hui reconverti en bureau. La partie de séjour est conçue selon le principe du plan libre. Le mobilier, créé conjointement au projet, définit les fonctions des espaces. À l'origine, une cloison mobile était prévue, afin de séparer la pièce de séjour de la salle à manger. On ne distingue plus de hiérarchie entre les pièces de réception et les espaces de la vie de tous les jours, une conception de l'espace qui résulte du changement des modes de vie, moins formalistes. La cage d'escalier, située dans le séjour, aboutit à un palier conçu comme une galerie ouverte en mezzanine. Les niveaux s'interpénètrent, accentuant la fluidité et la convivialité de l'espace. Cette volonté de cohésion dans les espaces reflète la volonté d'intimité et de resserrement des liens familiaux. La cuisine, bien que de petites dimensions, est étudiée dans les moindres détails afin qu'elle soit la plus pratique, démontrant à nouveau l'inscription de Leborgne dans des problématiques chères aux représentants du Mouvement moderne. 

Irene Lund, Olivia Stappers