Maison Losseau
Jalon XX

Bibliothèques, centres de documentation, centres d'archives Centre d'interprétation

1899 - 1914 1899 - 1914 1899 - 1914 1899 - 1914 1899 - 1914
Réalisé

Idéalement situé à côté du Palais de Justice, Léon Losseau, avocat et politologue, bibliophile et passionné de numismatique, entreprend la transformation de cet hôtel particulier du XVIIIe siècle, que son père Charles Losseau a acquis en 1873. Séduit par la construction du magasin Old England (1898-1900), fleuron de l'Art nouveau dans la capitale, il sollicite l'intervention de l'architecte bruxellois Paul Saintenoy, qui en est l'auteur. La façade est marquée par le contraste entre le langage néoclassique originel, à l'enduit blanc, et l'audacieux portail d'entrée, dont les colonnettes en fonte noire sont décorées de feuillage et de fleurs de fuchsias dorés (1908). L'ajout d'une large baie vitrée pour éclairer la nouvelle bibliothèque-bureau rompt à dessein la symétrie initiale, signalant discrètement les interventions intérieures. L'élargissement de la porte, ornée d'un vitrage martelé, illumine l'espace unifié du vestibule-hall. Il permet d'accéder à l'ancienne cour carrée, transformée en salon, éclairé par un lanterneau réalisé par la firme bruxelloise de Pelseneer. Les aménagements intérieurs, conçus comme une œuvre d'art totale, sont confiés, en 1905, aux architectes- ensembliers parisiens Charles Sarazin et Henri Sauvage. À la suite des nombreux désaccords et tensions avec le maître d'ouvrage, la majeure partie de la décoration est réalisée par l'architecte- décorateur bruxellois Louis Sauvage, qui s'inspire librement des nombreuses esquisses laissées par ses prédécesseurs. Les motifs floraux sont déclinés sur tous les matériaux – répondant au souhait du commanditaire de dédicacer une fleur à chaque pièce –, mettant en valeur le talent des artisans bruxellois et français. Le salon est orné d'un vitrail-cloison en pâte de verre, réalisé par le maître-verrier français Noël Daum, au motif symboliste représentant Thuin, ville natale du propriétaire. L'habitation est la première du genre à être dotée du confort moderne à Mons : chauffage central à air pulsé au charbon, distribution d'eau chaude, électricité, ascenseur et volet mécanique de la fenêtre à guillotine. Le jardin à l'anglaise, dessiné par l'architecte-urbaniste Louis Van der Swaelmen, est agrémenté d'une serre. Unique en son genre en Wallonie, l'hôtel particulier apparaît comme un manifeste de l'Art nouveau à la française, proche de l'École de Nancy. Classé et parfaitement conservé, il abrite, depuis 2015, un centre d'interprétation et le centre de la littérature hennuyère (scénographie Label Architecture).

Anne Deprez

Sources
Christiane Piérard, «La maison Losseau à Mons» dans Hainaut Tourisme, Fédération du Tourisme de la Province de Hainaut, 1987, p.35
Mons, coll. Patrimoine architectural et territoires de Wallonie, Wavre, 2001, p.427-428
Archives Journées du Patrimoine, en ligne http://archive.journeesdupatrimoine.be/journeesdupatrimoine21Brochure/detail-patrimoine-, consulté le 03/10/2013
Un siècle d’architecture moderne, Journées du patrimoine 11-12 septembre 1999, 1999
Françoise Aubry & France Vanlaethem & Jos Vandenbreeden, Art nouveau, Art déco et modernisme, Bruxelles, Racine, 2006, p.196-199.
«Fonds Henri Sauvage» sur le site Archiwebture, en ligne http://archiwebture.citechaillot.fr/fonds/FRAPN02_SAUHE, consulté le 03/10/2013