Maison Remy

Cette maison montrant des réminiscences de l'Art nouveau viennois, exprime sa force non dans les fioritures, mais dans la géométrisation et le traitement sobre des surfaces de la façade. Son auteur – qui est par ailleurs architecte communal et ne réalisera que peu de maisons à son propre compte – s'inspire ici directement de la maison dessinée au milieu des années 1920 par Jef Huygh à Malines (Willem Geetsstraat, 25), dont il adapte subtilement la composition. Les deux travées semblables sont animées de décrochements en arcs de cercle au dernier niveau. Des balcons sont ensuite formés par les bow-windows arrondis du premier étage. Celui-ci est ajouré par une longue verrière horizontale sur toute sa longueur. À l'origine, des petits carreaux teintés préservaient l'intimité de la chambre et du boudoir, remplacés en 2007 par des vitres uniformes plus contemporaines. Le rez-de-chaussée, lui, est composé d'une porte de garage et d'une baie vitrée de part et d'autre de la porte d'entrée centrale. Entre ces deux premiers niveaux, trois bandeaux très saillants épousent les courbes du bow-window, accusant le tassement du rez-de-chaussée. Bien que la façade soit épurée, elle témoigne d'un raffinement décoratif, grâce aux bouquets floraux ornementant les pilastres entre les baies du premier étage ou les ferronneries arrondies du premier étage. À l'intérieur, même si le plan reste conventionnel avec une distribution centrale desservant les pièces de part et d'autre, l'introduction du garage marque le passage à l'ère de l'automobile. La décoration intérieure, très travaillée, rappelant que le commanditaire est grossiste en meubles, joue de cheminées monumentales en marbre, de parquet en marqueterie de chêne et de noyer, de dorures, etc.

Justine Finet