Passage Lemonnier
Jalon XX

Galerie commerciale

1936 - 1937 1936 - 1937 2013 - 2020 2013 - 2020 2013 - 2020 2013 - 2020 2013 - 2020
Réalisé

Le type – caractéristique du XIXe siècle – de la galerie ou arcade commerciale et/ou espace public d'envergure, lieu de la promenade bourgeoise, se développe en Belgique de manière significative d'abord à Liège, dans le passage Lemonnier (1839), œuvre de l'architecte Louis-Désiré Lemonnier, avant d'être définitivement consacré par la construction des galeries Saint Hubert à Bruxelles (arch. Jean-Pierre Cluysenaar, 1847). 

Créé par une Société civile, le passage témoigne de l'essor industriel et entrepreneurial et des transformations du tissu urbain de l'époque. De son aspect néoclassique, selon le modèle de référence parisien (passage des Panoramas), il ne reste aujourd'hui que la conception structurelle, marquée par la régularité des commerces, les huit coursives d'accès arrière et le décor partiel du café sous rotonde (aujourd'hui parfumerie, toile de Joseph Carpay). 

Les transformations des années 1930, dues aux dégradations, sont confiées à Henri Snyers. L'architecte puise dans un répertoire moderniste – référant, dans la notice explicative du projet de transformation, aux quartiers modernes de Frugès à Pessac (Le Corbusier, Bordeaux, 1926-1927) et à la rue Mallet-Stevens à Auteuil (Robert Mallet-Stevens, Paris, 1926-1927) – en accord avec l'esprit fonctionnel du passage. 

Les entrées ainsi que les devantures des magasins sont transformées, uniformisées par le dessin essentiel et sobre des vitrines ; à peine marquées par une bordure, elles donnent plus de profondeur à la perspective interne. La rotonde au croisement des deux bras de la galerie est renforcée et couverte par une structure en béton armé et briques de verre ; les anciennes toitures vitrées sont remplacées par une élégante couverture en pavés de verre en demi-cristal, illuminée le soir par un éclairage dissimulé (Philips) ; le pavage linéaire adopté pour le sol résiste à l'usure due au piétinement ; enfin, traversant le deuxième étage, la salle de spectacle "La Légia" et son escalier d'accès, encore intact, sont partiellement rénovés (œuvre d'E. Scauflaire). Deux statues installées dans la coupole (M. Schoofs), représentant Minerve, protectrice des artisans, et Mercure, dieu du commerce, complètent le programme décoratif du projet, achevé en 1936. 

Ravagé par les bombardements de 1940, le complexe est lourdement modifié : pavés de verre remplacés par une tôle en plastique, coupole en briques vitrées substituée par une chape de béton pleine revêtue de mosaïques de verre (1965), reconstruction de la façade en Vinâve d'Île (1974). 

Flavio Di Campli

Sources
Nathalie Absil & Jean-Marc Zambon, «Le passage Lemonnier à Liège» dans La Lettre du Patrimoine, n° 55, Namur, juillet-août-septembre, 2019, p.6
Thomas Moor, «Le Passage Lemonnier. Les transformations d'Henri Snyers au XXe siècle» dans Bulletin de la Commission royale des Monuments, Sites et Fouilles, n° 22, 2010, p.81-88.
Édith Micha, «Le Passage Lemonnier au XIXe siècle et au début du XXe siècle. Histoire d'une construction» dans Bulletin de la Commission royale des Monuments, Sites et Fouilles, n° 22, 2010, p.65-78.
Thomas Moor & Édith Micha & Sébastien Charlier, «Le passage Lemonnier à Liège» dans Les Cahiers de l'urbanisme, n° 70, décembre, 2008, p.79-82.
R. Wicot, «Modernisation du Passage Lemonnier, à Liège» dans La Technique des travaux, n°4, Liège, avril, 1936, p.179-182.
Léon Dubrul, «Le béton translucide dans l'esthétique moderne» dans Bâtir, n° 61, Bruxelles, décembre, 1937, p.1527