Mémorial interallié et église régionale du Sacré-Coeur et Notre-Dame-de-Lourdes
Jalon XX

Eglises ou apparenté Autres batiments publics et communautaires

1923 - 1937 1923 - 1937 1960 1960
Réalisé

Résultant, au lendemain de la Première Guerre mondiale, de la conjonction de deux initiatives visant, pour l'une, à caractère civil et patriotique, l'érection d'un mémorial financé exclusivement par des souscriptions publiques auprès des pays alliés (Fédération interalliée des anciens combattants) – en août 1914, la résistance de Liège, site de la première bataille de la guerre, lui conféra l'admiration des Alliés –  et pour l'autre, à dimension religieuse, la construction d'une église régionale de pèlerinage, l'ensemble constitue un important signal urbain, par son implantation à Cointe, en contre-haut de la gare des Guillemins. Composé d'une église haute de 54 m (plan carré), d'une tour de 75 m (plan octogonal inscrit dans un carré) et d'une esplanade s'étageant sur la pente de la colline, il n'est pas sans rappeler, par son langage Art déco géométrique, l'église Saint-Vincent de Robert Toussaint et la basilique de Koekelberg d'Albert Van Huffel à Bruxelles (1925-1970). Concurrent déçu du concours pour l'érection de cette dernière en 1920, l'architecte anversois Jos Smolderen prend ici sa revanche, écartant à son tour Van Huffel lors de la sélection de l'auteur de projet. Au départ très ambitieux – à l'emplacement de l'actuelle vaste salle des pylônes en plein air, en contrebas de la tour, était prévu un imposant bâtiment flanqué de deux ailes, abritant musée et œuvres de charité –, le projet est progressivement revu à la baisse en raison de dépassements du budget d'abord, puis de dégâts causés par la Seconde Guerre mondiale. Le décor de la crypte de la tour accueillant avec l'esplanade, les monuments des nations alliées de même que l'une des quatre chapelles diagonales et l'entrée monumentale de l'église restent inachevés. Inauguré une première fois en 1937, le Mémorial l'est à nouveau en 1968 et accueille régulièrement, depuis lors, de nouveaux monuments commémoratifs. Bien que leurs enveloppes extérieures fassent usage de matériaux traditionnels –  la pierre mézangère pour les parements et le cuivre laminé, par la société liégeoise Cuivre et Zinc, pour les coupoles de l'église –, la construction des bâtiments engage plusieurs procédés techniques novateurs. Parmi ceux-ci, l'on peut citer le comblement d'anciennes galeries de mines par injections de ciment, l'ossature en béton armé de la tour, reposant sur un radier annulaire, ou la double coupole en béton de l'église. En 2014, le Mémorial est au cœur des commémorations européennes du centenaire de 1914. 

Claudine Houbart

Sources
Sébastien Mainil & Hugo Claes, «Le Mémorial interallié de Cointe : entre commémoration civile et religieuse, 1936-1937» dans Histoires de béton armé. Patrimoine, durabilité et innovations, 2013, p.50-51.
Fonds Jozef Smolderen, Architectuurarchief Provincie Antwerpen.
«La nouvelle Basilique du Sacré-Coeur, à Liège, et le Mémorial interallié» dans L'Emulation, n° 9, Bruxelles, septembre, 1936, p.142-143.
«Le Mémorial interallié de Cointe à Liège» dans La Technique des travaux, n° 11, Liège, novembre, 1935, p.577-600.
Guillaume Rambaud, La reconversion de l'église régionale du Sacré-Coeur de Cointe, Liège, 2011
Patricia Pirard, Devenir de la "basilique" de Cointe : étude du bâtiment en vue d'éventuelles interventions, 2010