La maison de l'architecte Jules Mozin est l'une des plus célèbres réalisations liégeoises de l'après-guerre, pour son architecture d'avant-garde et par sa visibilité dans le contexte urbain. Sa parcelle termine une enfilade de maisons traditionnelles entre mitoyens, s'ouvrant sur une vue plongeante vers le centre-ville et le vaste parc en pente, dessiné aussi par l'architecte, dans un projet inachevé de logements implantés en espaliers et dont la résidence de Gueldre, en vis-à-vis, est l'unique concrétisation (coll. ing. Bagon).
En plan, la construction forme un rectangle de 13 m sur 10,80 m, encastré dans le terrain en forte pente. Elle présente trois niveaux à rue et quatre vers le jardin. Le jeu de pleins et de vides, l'alternance des surfaces et des matériaux, la finesse de la structure, ainsi que le réglage élégant des proportions, contribuent à mettre en valeur le graphisme abstrait et spectaculaire de sa composition.
L'articulation intérieure se développe autour de la cage d'escalier, placée au cœur du volume. Le logement de l'architecte est au premier étage, le niveau à rue contient un grand hall vitré, le garage et un petit bureau. La scénographie de l'accès depuis la rue permet de cadrer la vue vers la ville. Au niveau le plus bas, face au jardin également dessiné, se trouvent un petit appartement pour le père de l'architecte ainsi que des espaces techniques. Une grande toiture-terrasse complète le dispositif spatial, opérant le raccord avec le bâtiment voisin et traitant la volumétrie globale, par un travail d'allégement de la masse qui marque la frontière entre le bâti et le parc.
La construction est en ossature métallique, technique peu habituelle dans l'habitat urbain, dont les façades sont réalisées avec des panneaux de remplissage légers. Cette technique est récurrente dans le travail de Mozin, surtout dans le petit pavillon d'accueil de Droixhe (1955, démoli en 2003), qui anticipe une série de solutions adoptées ici.
Ce projet connaît un important succès médiatique. Publiée dans plusieurs revues internationales d'architecture, c'est l'une des rares œuvres d'architecture d'après-guerre ayant bénéficié en Wallonie d'un classement comme monument (2011).
Maurizio Cohen
Sources |
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«Habitation de J. Mozin à Liège» dans L'Architecture d'aujourd'hui, n° 103, septembre, 1962, p.14-15 |
Thérèse Cortembos, Liège, Liège, Mardaga, 2004 |
«» dans Liège. Architectures de la ville. Cartes et répertoires. HLM fondation d'architecture et d'urbanisme et Ville de liège, 2006, n° 326. |
Sébastien Charlier, «Quatre maisons d'architecte à Liège» dans Les Nouvelles du Patrimoine, n° 112, avril-mai-juin, 2006, p.31-32. |
Maurizio Cohen, «Case study house à Liège» dans A+, n° 205, avril-mai, 2007, p.112 |
Pierre-Louis Flouquet, «Habitation familiale, à Liège» dans La Maison, n° 4, avril, 1960, p.112-115 |