Maison Janssens-Lycops
Jalon XX

Oeuvre essentielle de l'Art nouveau et manifeste dans la production de l'architecte, au même titre que la maison Van der Schrick qui s'en inspire, la maison Janssens combine habitation et cabinet médical. 

Large de 7 m, la façade porte les marques d'une évidente modernité : délaissant les décorations sculptées et l'emploi massif de la pierre dans l'encadrement des fenêtres, elle arbore des briques vernissées de couleur claire. La porte s'accompagne d'un auvent, formé d'une dalle de pierre posée sur consoles, et est surmontée d'une imposte. Adoptant la forme d'un arc brisé et outrepassé, commune aux réalisations de Jaspar, cette dernière comportait un vitrail aujourd'hui disparu. L'aspect lisse du parement, renforcé par l'absence de corniche, tranche avec le volume en bois de la logette et du garde-corps qui la surplombe ; trois petites gueules béantes en bas-relief rythment le sommet de l'édifice. L'attention portée au dessin des détails et à leur exécution est remarquable – une constance chez l'architecte – à l'exemple, en façade, du raccord entre la grille (métallique) du soupirail et son support au sol (en pierre). Le toit en terrasse ainsi que les fondations pour lesquelles les sociétés Hennebique et Perraud et Dumas sont approchées témoignent de recherches appliquées dans la mise en œuvre du béton pour des programmes d'habitation : expérimentations qui préfigurent déjà la construction de la salle La Renommée, rue Laport (1904, démolie), où il emploie le système Perraud et Dumas pour construire l'un des plus vastes édifices du genre en Europe, suivi d'autres maisons privées où il réitère l'usage du béton. Réparti en deux travées, le bâtiment abrite, dans sa partie gauche, les pièces de vie et, dans sa partie droite, les lieux de circulation (escaliers et vestibule). 

Au rez-de-chaussée, à la salle d'attente – pour laquelle Jaspar avait dessiné plusieurs bancs – et au vestibule, scindés par une paroi vitrée, succèdent le cabinet médical et la salle à manger ; aux étages supérieurs, l'espace se partage entre le salon et plusieurs chambres. Autour de l'escalier principal, dans le hall et au premier niveau, les murs dévoilent un décor peint ou réalisé au pochoir, probablement de la main du décorateur É. Jaspar, son frère.

Julie Delbouille

Sources
Sébastien Charlier, Paul Jaspar architecte 1859-1945, Liège, Commission royale des Monuments, Sites et Fouilles, 2009, p.90-91.
ART&FACT, Une histoire de l'architecture à Liège vers 1900, L'Art nouveau, Liège, Echevinat de l'Urbanisme, de l'Environnement, du Tourisme et du Développement dur., 2007