Maison Heythuysen
Jalon XX

Habitation unifamiliale

1912 - 1913 1912 - 1913
Réalisé

Au début des années 1910, l'architecte tire profit de l'expérience qu'il a accumulée chez Paul Jaspar dans la mise en œuvre du béton. Après l'avoir employé pour la structure de sa maison, il se lance dans une utilisation bien plus radicale pour cette maison d'agent de commerce : l'architecte propose un parement en béton pour l'ensemble du bow-window, déclenchant l'ire de l'éphémère Commission pour l'examen des façades qui voit d'un mauvais œil l'emploi d'un matériau industriel, a fortiori dans ce nouveau quartier bourgeois loti sur le site de l'Exposition universelle. Le jugement administratif est implacable : « La sécheresse des lignes, la nudité des surfaces et l'absence voulue de tout élément architectonique concourent à donner à l'ensemble un aspect à ce point rudimentaire qu'il ne lui est pas possible d'admettre que la façade présente le caractère architectural que la Ville est en droit d'exiger. » Pour défendre son projet, Pirnay sollicite et reçoit l'appui de Paul Comblen et Victor Horta, interpelle la revue d'architecture Tekhné, mais rien n'y fait : l'administration campe sur ses positions, le contraignant à utiliser de la pierre. La maison Heythuysen représente un moment charnière dans l'histoire de l'architecture locale : pour la première fois, un architecte entend utiliser le béton comme matériau de parement. Il faudra attendre 1924 et la maison Alexis pour que ses principes soient enfin admis.

Sources
Thomas Moor, Paul Comblen 1869-1955 : de l'Art nouveau au pré-modernisme, un architecte à la croisée des influences, Université de Liège, Histoire, 2001, p.120-121.
«» dans Liège. Architectures de la ville. Cartes et répertoires. HLM fondation d'architecture et d'urbanisme et Ville de liège, 2006, n° 191.
Sébastien Charlier, «Victor Rogister et Clément Pirnay deux interprétations de l'enseignement de Paul Jaspar» dans Les Cahiers de l'Urbanisme, n° 72, juin, 2009, p.58-66.
Sébastien Charlier, «La maison Bacot restaurée. La reconnaissance de Clément Pirnay (Verviers, 1881-Chimay, 1955)» dans Les Nouvelles du Patrimoine, n° 113, juillet-aôut-septembre, 2006, p.39-41.