Maison Englebert

Jalon XX

La maison personnelle que Jean Englebert se construit à Angleur a une nature archétypale pour tout un pan de son œuvre. C'est la première construction achevée en tant qu'architecte indépendant. Elle constitue un banc d'essai pour des formules qu'on retrouve dans d'autres habitations ou, à plus grande échelle, dans la station scientifique des Hautes Fagnes et le Centre nature de Botrange. Le programme est simple : concevoir un logement associé à des espaces de travail. Au milieu d'un terrain à l'angle de deux routes, l'architecte dessine une construction à toit plat, au plan en forme de L avec un rez-de-chaussée pour l'habitation et un sous-sol sous l'aile occidentale, réservé à un atelier d'architecture. Rythmé par des parois coulissantes, l'espace habitable s'articule autour d'une aire qui reprend l'entrée, le vestiaire et les salles d'eau. Au départ de là se distribuent, d'une part, la salle à manger, le salon, la cuisine et, d'autre part, trois chambres à coucher qui s'ouvrent directement sur une large galerie terminée par un bureau vitré et un espace de rangement. La volonté de dépouillement se manifeste tant dans le choix des matériaux que dans leur mise en œuvre, comme le montre le traitement des murs intérieurs simplement enduits et peints en blanc ou celui des plafonds en béton brut de décoffrage. L'apport de lumière naturelle a fait l'objet d'un traitement spécifique. La maison n'est éclairée que par trois baies : celle qui donne sur la galerie est constituée par un long châssis qui dispose, en bandeau, cinq fenêtres de forme presque carrée, de façon à ce que la partie médiane de l'espace qu'elle éclaire se trouve inondée de lumière – tandis que ses extrémités restent dans l'ombre, créant des aires d'activités très singulières, entre le repli et l'ouverture. 

Pierre Henrion, Maurizio Cohen