Maison Bacot et Cie Comptoir d'Outremer

Jalon XX

Des trois réalisations à ossature et panneaux en béton armé apparent – la maison Clerfayt de la rue des Dominicains (1913), l'hôtel de la gare à Tongres (1920) et les maisons Bemelmans-Minsart de la rue Grétry (1924) –, la maison Bacot est la seule qui investit un programme décoratif de cette nature : une composition de sgraffites en façade, succession de quatre rameaux de vigne surmontés de corbeilles de fruits qui évoquent le négoce en vins et spiritueux du commanditaire. Le rez-de-chaussée est dévolu au magasin et ses réserves, qui, sur près de 40 m, sont éclairées par une succession de lanterneaux. Sous la toiture plate en béton, le logement occupe les trois étages supérieurs, dont l'escalier central articule les pièces (vestiaire, billard, cuisine, salle à manger, véranda, chambres, salle de bains, etc.). Le plan du bâtiment à rue révèle une trame structurelle très rationnelle, proche du carré (3,80 x 3,50 m), répété deux fois sur la largeur et quatre fois sur la profondeur. Rythmant rigoureusement les plafonds de chaque niveau et divisant la façade en deux travées, les poutres et colonnes à section carrée, enduites, perpétuent les expérimentations structurelles en béton que l'architecte mène d'abord à l'atelier de Paul Jaspar, puis à son propre compte, dès 1906 (Staargebouw, Maastricht, 1906-1907, démoli). Les pilastres en façade sont couronnés par des coiffes en métal – celle du centre devenant le support sur 4 m à l'enseigne commerciale, pour, enfin, finir en mappemonde stylisée – restituées lors de la restauration.

Sébastien Charlier, Thomas Moor