Après avoir réalisé plusieurs habitations individuelles, c'est la confiance des institutions publiques et des sociétés à vocation sociale que recherchent les architectes engagés de L'Équerre. Deux ans après un premier immeuble à appartements pour le syndicat des typographies (1936-1937, rue des Croisiers, démoli), le groupe reçoit cette commande, associant bureaux et logements pour les cadres de « L'intégrale », caisse d'assurances destinée aux « cols blancs ».
Sur une vaste parcelle entre deux quais, L'Équerre établit, autour d'une cour centrale (parkings), deux bâtiments de huit étages dont les deux derniers sont en retrait. De spacieux appartements occupent la largeur de l'immeuble et se développent autour des cages d'escalier et d'ascenseur, réservant le premier niveau du quai Churchill à quelques bureaux. Le plan sépare nettement les fonctions : séjour en façade (salon et salle à manger), chambres isolées aux extrémités et pièces de service à l'arrière (chambre de domestique, cuisine et office). Petites, mais fonctionnelles, toutes les cuisines sont entièrement équipées de mobilier de type Cubex. Le hall d'entrée, sobre et épuré, se distingue par la qualité des matériaux (marbres).
Libérée de ses charges grâce à une structure en béton armé, la façade est percée de grandes baies sur toute la largeur. Pour le parement, les architectes utilisent des carreaux de céramique, l'un de leurs matériaux industriels fétiches. Le rationalisme du plan et de la façade range l'édifice parmi les exemples les plus réussis du courant fonctionnel liégeois de l'entre-deux-guerres bien que la plupart des parements et garde-corps aient été remplacés après la Seconde Guerre mondiale.
Sébastien Charlier
Sources |
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Sébastien Charlier, L'Equerre, réédition intégrale : L'Equerre the Complete Edition, Liège, Fourre-Tout éditions, 2012 |