Attribuées en 1993 après une première étude de faisabilité, les recherches de la liaison E25-E40 visent à connecter deux voies autoroutières internationales (Luxembourg, Bruxelles) et à créer un nouvel axe de circulation périphérique.
Le projet est d'une rare complexité. Y convergent, en effet, plusieurs domaines d'expertise, comme les travaux ferroviaires, travaux sous nappe phréatique, ouvrages d'art et urbanisme pour permettre la mise en œuvre d'une solution mixte : aérienne au-dessus de la Meuse, en tranchée ouverte le long du canal de l'Ourthe et en tunnel sous l'échangeur routier des Grosses Battes et le quadrilatère ferroviaire de Kinkempois.
L'élément le plus emblématique de la liaison est le pont du Pays de Liège qui est, en outre, le dernier grand ouvrage d'art mis au point du vivant du fondateur du bureau d'études, René Greisch (1929-2000). Les ingénieurs liégeois ont choisi – en raison de l'importance de la brèche à franchir et de la nature des rives – de développer un pont haubané dissymétrique à pylône unique tronconique (hauteur 75 m) et à nappe axiale. Le tablier en béton précontraint de 27,7 m de large a été mis en place par poussage ; il mesure 327 m avec une travée principale de 162 m.
En raison du caractère urbain de l'implantation, un soin particulier a été apporté aux finitions, dans le choix et la mise en œuvre des matériaux comme les bétons voligés des parties inférieures du tablier, l'acier inoxydable des chemisages des bracons et des gaines de haubans, le verre qui habille le pylône ou, encore, la pierre calcaire en parement des culées.
La liaison a nécessité de nombreux aménagements, couvrant notamment les impositions urbanistiques liées à l'étude d'incidences sur l'environnement : l'adaptation de voiries régionales, communales et du parking de la gare d'Angleur, la création de voies de circulation lente, l'aménagement de passerelles (Aguesses à Belle-Île, au Val Benoît), des berges de Meuse (rive droite) et du canal de l'Ourthe ainsi que d'esplanades publiques et de plantations. En ce sens, ce projet routier rompt la tradition prédominante à Liège, en accordant dans les aménagements des abords – pour la première fois depuis cinquante ans – une place centrale à l'usager de l'espace public.
Pierre Henrion
Sources |
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Pierre Loze, Les missions de l'ingénieur - Le bureau Greisch, Bruxelles, 2012 |