Cour Saint-Antoine
Jalon XX

Habitation unifamiliale Immeuble à appartements

1979 - 1985 1979 - 1985
Réalisé

Les interventions de Charles Vandenhove pour la cour Saint-Antoine constituent, en Belgique, un jalon dans l'histoire de l'architecture et de l'urbanisme de la seconde moitié du XXe siècle. Ce projet de reconversion – qui est aussi la première opération que le « Maître de l'École liégeoise » mène sur un espace public – témoigne, en effet, d'une rupture dans les manières de faire tant du point de vue du traitement du site que du point de vue de la typologie architecturale. Contre les visions modernistes qui avaient prévalu depuis plus d'une trentaine d'années, il y manifeste non seulement d'une nouvelle prise en compte du patrimoine ancien et de l'échelle humaine, mais aussi du développement d'un langage formel contemporain intégrant des schémas historiques, ce qui constitue, en Cité ardente, une expression très précoce du genre. Commandé en 1978, le complexe est, à l'origine, entièrement dévolu à l'habitat. L'architecte y combine la restauration – très personnelle – de maisons des XVIIe et XVIIIe siècles en front de la rue Hors-Château et des constructions neuves pour refermer une place uniquement accessible à pied par deux connexions transversales aux rues existantes. Élevés sur un parking souterrain, les nouveaux édifices articulent, sur un long côté de l'esplanade, une tour à appartements conçue selon le critique d'architecture Geert Beekaert « comme une immense maison avec une toiture à deux pans » et une rangée de constructions plus basses, toutes deux en béton préfabriqué apparent avec parement de marbre en allège ; les façades des petits volumes implantés latéralement intègrent, quant à elles, la brique peinte en rouge. Ce projet constitue la première manifestation publique des recherches sur l'architecture historique menées par Vandenhove à l'époque, également occupé par la réaffectation dans le même esprit de l'hôtel Torrentius (XVIe siècle) où il installe ses bureaux. Il y développe une déclinaison du courant postmoderne, tant dans les formes générales de l'architecture que dans ses détails (fronton, colonnade, chapiteau néo-ionique, fenêtre à meneaux, carreau de couleur, etc.). Au centre de la cour se trouve une fontaine en forme d'obélisque. Elle est reliée par une rigole à une sculpture monumentale par Anne et Patrick Poirier (Mondo Perdido, 1982-1983), évoquant la pyramide maya de Tikal. 

 

Pierre Henrion

Sources
Jean-François Chevrier & Bart Verschaffel, Charles Vandenhove, projets 1995-2000, Rotterdam, NAi, 2000
Chris Dercon & Bart Verschaffel & Geert Bekaert, Charles Vandenhove: art and architecture, Tournai, La Renaissance du Livre, 1998
Thérèse Cortembos, Liège, Liège, Mardaga, 2004
Pierre Hebbelinck & Georges-Éric Lantair, «Liège, Architectures de la ville » dans Cartes et répertoires, n° 391, Liège, HLM fondation d'architecture et d'urbanisme, Ville de Liège, 2006
«Projet de rénovation en Hors-Château à Liège» dans A+, n° 52, octobre, 1978, p.23-24.
Yves Randaxhe, «L'art urbain à Liège» dans Les Nouvelles du Patrimoine, n° 94, octobre-novembre-décembre, 2001, p.28-30.
«Des architectes témoignent... Charles Vandenhove» dans Les Cahiers de l'Urbanisme, n° 28-29, février, 2000, p.112-113.