Complexe Chiroux- Kennedy-Croisiers
Jalon XX

Immeuble à appartements Centres culturels Bibliothèques, centres de documentation, centres d'archives Bureaux

1960 - 1976 1960 - 1976 1960 - 1976
Réalisé

La reconfiguration du quartier André Dumont-Bertholet, ancienne île du Hochet, synthétise parfaitement la vision urbaine de Jean Lejeune, historien de la principauté de Liège et échevin des Travaux publics : l'opportunité d'une jonction avec de lointaines autoroutes (Bruxelles au sud, Aix-la-Chapelle au nord), entraînant l'arasement d'îlots jugés insalubres, combiné à un programme mixte de constructions neuves (athénée, Maison de la culture, bureaux, logements), réalisé au moyen d'un puissant assemblage de capitaux publics-privés (Fonds communaux, des routes, des constructions scolaires), d'un outil législatif adapté (règlement communal de 1963) et incarné dans une représentation archétypale de la métropole. Celle d'hier, dont le patrimoine civil majeur est exhumé (Hospice du Vertbois, XVIIIe siècle) face à celle du renouveau, le complexe iconique Chiroux-Kennedy-Croisiers. 

Les lignes directrices de l'aménagement sont dressées par l'architecte-urbaniste français Jean Royer, professeur à l'Institut d'urbanisme et à l'École spéciale d'architecture à Paris, désigné comme urbaniste-conseil : une continuité de mandat pour celui qui s'est vu confier par l'association « Le Grand Liège » l'étude de l'implantation du siège de la Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA, 1952). 

Les premières esquisses illustrent le fantasme qu'a généré le Congrès national de Brasilia (Oscar Niemeyer, 1960) auprès de l'équipe de concepteurs : deux tours presque jointives dominant une coupole. L'urbanisme emprunte à celui de Bordeaux-Mériadeck (1963), dont Jean Royer fut l'architecte en chef, séparant les circulations routières de la dalle aérienne dévolue aux piétons ; la passerelle et le bâtiment-pont en sont ici les reliquats. 

La Maison de la culture est logée dans le cylindre paré de pierre calcaire, composé comme une tour défensive médiévale, dotée en sous-sol d'une salle de spectacle et d'un foyer d'exposition, d'un café au rez-de-chaussée et de la bibliothèque centrale aux étages, alors la plus importante de Wallonie (désaffectée depuis 2023). 

Construite en béton architectonique, face à la Meuse et au pont Kennedy, la tour du même nom – haute de 85 m et de vingt neuf étages – encadrée des deux ensembles de bureaux formant son assise, constitue l'expression la plus aboutie du brutalisme dans le centre de Liège. 

Paul Hautecler et Thomas Moor

Sources
Jean Lejeune, Liège du passé à l'avenir, Liège, s.n., 1964
Jean Lejeune, L'avenir de Liège et les travaux publics, Liège, s.n., 1964
«Homme-et-ville.net» en ligne http://www.homme-et-ville.net/, consulté le 01/01/2000