Amphithéâtres Opéra

Cette réaffectation d'un complexe cinématographique en amphithéâtres – un de 500, deux de 250 et un de 89 places – témoigne des possibilités d'adapter ce type d'édifice des années 1980. 

L'architecte a prioritairement travaillé à inscrire son projet dans une logique de développement durable : l'installation de contre-cloisons sur les murs extérieurs et le remplacement des châssis assurent l'isolation du bâtiment dont le rendement énergétique est optimalisé par un système de chauffage performant et une ventilation double flux. Avec la modernisation des techniques en place, la consommation en eau et en électricité ainsi que les coûts d'entretien ont pu être ramenés à des niveaux de rentabilité compétitifs. 

Au-delà des mises à jour techniques, l'architecte a subtilement repensé la typologie originale : contrairement aux spectateurs des salles de cinéma qui n'utilisent le site que le temps d'un film, les étudiants sont amenés à habiter le lieu. Les modifications les plus fondamentales touchent ainsi les espaces disponibles hors des amphithéâtres : les dégagements sont davantage que des circulations et sont conçus comme des pas perdus adaptés à des fonctions multiples. 

L'architecte a également travaillé à manifester la nouvelle fonction de l'édifice en le réinscrivant dans la ville. Les relations visuelles avec l'extérieur ont été requalifiées par l'ajout des balcons et par le remplacement des vitrages réfléchissants par des vitrages clairs. Depuis la rue, l'animation au sein du bâtiment est perceptible. Les luminaires établis aux plafonds qui sont visibles du dehors participent activement à l'image constructive du complexe ; l'architecte a calculé leur orientation à partir de la trame urbaine induite par les bâtiments voisins de l'îlot Saint-Michel et du Palais de Justice. 

Sa collaboration avec le plasticien J. Glibert s'inscrit dans la même logique. Prenant en compte des aspects pratiques comme la signalisation des entrées, l'artiste bruxellois a développé un schéma chromatique prévoyant que l'ensemble des amphithéâtres et pas perdus de couleur grise soit pénétré par un parallélépipède rectangle virtuel, dessiné par l'emploi d'un rouge soutenu.

Pierre Henrion