L'architecte Robert Charles, diplômé de La Cambre à la fin des années 1940, garde une admiration pour les théories du fondateur de cette école, Henry Van de Velde (1863-1957). Lorsqu'il entame sa carrière dans les années 1950, il est fort marqué par le climat architectural ambiant, mêlant utopie et fonctionnalisme.
Toujours habitée par ses premiers propriétaires, la maison Cambier est l'une des rares réalisations de l'architecte de cette période à nous être parvenue en parfait état. Elle est située dans une rue lotie dans les années 1950. Cette voirie tranquille apparaît aujourd'hui comme un laboratoire de l'habitat de ces années-là à La Louvière. Robert Charles y réalise d'autres habitations (dont celle du n° 34, plutôt bien préservée).
Même si la topographie ne l'exige pas, un demi-niveau isole les pièces de vie de l'espace public et réduit l'importance de la porte du garage semi-enterré. Ce programme de maison d'angle sied bien au style très graphique de l'architecte. Dans ce cas, les baies latérales étant au sud, l'ensoleillement optimal du salon et de la salle à manger lui a offert le luxe d'épurer la façade au maximum. La zone cimentée peinte en blanc, en retrait sous la large corniche (initialement peinte dans un bleu pâle typique des années 1950), est percée de deux grandes fenêtres. Toute en contraste, la travée en briques rouges sur deux étages est percée uniquement par l'entrée traitée subtilement. Celle-ci apparaît posée sur un balcon triangulaire relié à la rue par un escalier à claire-voie (initialement en béton) et protégé par un porche à toit plat également triangulaire. La façade arrière est traitée avec le même soin.
La maison y apparaît sur pilotis. Une zone terrasse sous corniche (dans le volume principal) surplombe le jardin. Avec la collaboration de la maîtresse de maison, professeure de dessin, Charles a dessiné les garde-corps extérieurs, l'escalier du salon et le mobilier intégré.
À quelques encablures, Robert Charles a signé sa propre habitation et, à l'aube des années 1980, au numéro 21, rue Sars-Longchamps, une autre villa intéressante.
Ludovic Recchia
| Sources |
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| Yves Quairiaux & Ludovic Recchia & Lamya Ben Djaffar, La Louvière, une ville s'invente : bâtisseurs d'avenir, La Louvière, Commune de La Louvière. Archives de la Ville et du CPAS, 2012, p.82 |
| Ludovic Recchia & Lamya Ben Djaffar, La Louvière : Le patrimoine d'une métropole culturelle, Namur, Institut du Patrimoine Wallon, 2012, p.209-215. |