L'œuvre de jeunesse de Bernard Herbecq illustre le climat de contestation de l'après-Mai 68. Diplômé depuis quatre ans, marqué par la personnalité de Jacques Gillet et les expérimentations de terrain menées en parallèle à son atelier, l'architecte, disposant de peu de moyens, mais impatient de construire, acquiert en 1977 un terrain vicinal improbable, tout en longueur et structuré par l'assiette surélevée du tram. De cette contrainte naît l'épine dorsale de la maison, une galerie vitrée s'élargissant en serre côté sud, sorte de rue intérieure où s'accrochent des volumes éclatés et nettement individualisés.
En réponse au climat social de l'époque, chacun dispose de son domaine : alors que l'architecte s'aménage un atelier au sud, auquel se superposent les chambres, sa femme dispose d'une pièce de travail au nord. Les pièces communes – séjour et fumoir – sont groupées à l'ouest. En grande partie mené en autoconstruction, le chantier privilégie l'ossature bois, un matériau que l'architecte maîtrise avec la fabrication de meubles qui, faute de commandes à ses débuts, devient progressivement un aspect essentiel de son travail.
À l'intérieur comme à l'extérieur, le caractère autoconstruit est accentué par un volontaire patchwork de matériaux, ponctuellement animé de couleurs vives ou de clins d'œil à l'architecture vernaculaire. Les châssis de récupération de l'aile est, éclairant chambres et atelier, évoquent la Mémé de Lucien Kroll (1970-1972), découverte avec bonheur quelques années plus tôt au hasard d'une visite de la cité du Kapelleveld.
Sébastien Charlier, Thomas Moor
Sources |
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Fr. Gena & Aloys Beguin, Bernard Herbecq, Archidoc #03 , Liège, GAR, ÉSAVL, 2019 |
Bernard Herbecq, architecte à Liège, Marchienne, s.n., 2003, p.48-49. |
Colette Henrion, «Herbecq House» dans A + U, n° 175, 1985, p.74-77. |
«À Jehay» dans A+, n° 77, septembre, 1982, p.9 |