Hôtel Van Bastelaer

Si Marcel Leborgne est une figure centrale du Mouvement moderne carolorégien, il signe aussi des œuvres plus ancrées dans la tradition. Cette maison bourgeoise propose une réinterprétation moderne de l'hôtel particulier, comme le montrent l'ordonnance de la façade, l'emploi des baies en plein cintre, la modénature des châssis découpés de petits-bois, le grand bow-window en pierre ouvrant le bel-étage, ou encore la lucarne en forme d'œil-de-bœuf au niveau de la toiture. L'ornementation, notamment les feuillages stylisés en pierre et les spirales des ferronneries au niveau du balcon et de la grille d'entrée, est dans l'esprit de l'Art déco. L'organisation intérieure est novatrice. Elle rompt avec le principe du plan en enfilade et s'inspire plutôt de l'agencement spatial plus intimiste des cottages à l'anglaise : la cage d'escalier est intégrée au sein même de la grande salle de famille qui devient le cœur de l'habitation. Cette vaste pièce s'élève sur deux niveaux et la galerie aménagée en mezzanine permet une interpénétration avec l'espace familial. Cette ouverture traduit l'évolution des modes de vie et le rapprochement des liens familiaux. La verrière en hauteur permet également un apport de lumière et d'ensoleillement qui sera une source de recherche chez l'architecte. Avec ses murs lambrissés de boiseries et de revêtements à reliefs Lincrusta, sa cheminée à colonnes torsadées, l'équipement intérieur oscille entre l'ambiance rétro du style de la néo-Renaissance et la stylisation Art déco dont témoigne l'escalier en bois ponctué d'ornements sphériques. Si la transformation en polyclinique a entraîné la construction d'une annexe amputant une grande partie du jardin et modifiant l'accès à celui-ci, la maison préserve son ambiance d'origine et abrite, depuis 1987, les bureaux de l'asbl Espace-Environnement.