Maison De Koninck

Jalon XX

Louis-Herman De Koninck est une figure reconnue de l'avant-garde belge lorsqu'il réalise cette petite habitation de vacances pour ses parents. Remarqué par la critique pour son utilisation audacieuse du béton, sa lecture rationnelle de l'espace ou encore son interprétation libre des codes esthétiques du mouvement moderne, l'architecte bruxellois marque ici la rupture avec ses œuvres précédentes. Après s'être documenté sur le bâti historique local – il prend notamment plusieurs photographies de la maison du Bailly dans le centre du village –, il délaisse la plastique pure du béton pour recourir aux matériaux locaux, en particulier le grès, dont les moellons plus ou moins finement équarris respectent la tradition architecturale mosane. De Koninck reste toutefois fidèle à certains éléments, comme la toiture plate ou encore la composition des façades qui, certes, correspond aux codes esthétiques de la nouvelle architecture, mais reflète surtout une organisation rationnelle des espaces. Vers la rue, le garage, le hall d'entrée et la cage d'escalier sont éclairés par d'étroites baies, dont le dessin des châssis en bois est caractéristique. À l'arrière, orientées vers le sud, l'architecte dispose la cuisine et la salle à manger ouverte sur le jardin par une généreuse porte vitrée. À l'étage, trois chambres, dont une servant probablement d'atelier de peinture pour son père, s'articulent autour des sanitaires et d'un petit grenier. Comme souvent, l'architecte soigne les aménagements intérieurs. L'escalier en béton avec ses marches dont les extrémités sont soulignées en noir, le passe-plat entre la cuisine et la salle à manger ou les meubles encastrés témoignent d'intentions mêlant qualité d'usage et recherches plastiques. De Koninck dessine également les aménagements extérieurs, notamment un beau miroir d'eau rectangulaire qui termine une grande terrasse pavée de grès. Publiée par la revue d'architecture Bâtir, la maison suscite l'enthousiasme du critique Pierre-Louis Flouquet : « De l'air, de la lumière, de la simplicité, une dignité joyeuse, voilà l'architecture d'un maître de ce temps ; pour lequel il n'est grands ou petits problèmes qui n'exigent une science et une tendresse égales. »

Sébastien Charlier