Fondée au XIIe siècle, la communauté cistercienne est dotée en 1973 d'un nouveau monastère, dessiné par Frans Laurent avec le soutien du frère Gérard Vanden Eynde, architecte de l'abbaye de Westmalle et conseiller privilégié des religieuses pour la construction. Installé à proximité des ruines de l'abbaye d'origine, incendiée en 1963, le bâtiment est construit dans un bois, vendu à la communauté par un parent de deux sœurs, le directeur des Charbonnages du Nord de Gilly. La nouvelle construction accueille une église, des espaces dédiés à la vie communautaire (réfectoire, scriptorium, ateliers), des cellules moniales, ainsi qu'une partie consacrée à la réception des visiteurs. Cette nouvelle abbaye fait l'objet de longues réflexions, autant quant au choix du site que de la forme elle-même ; il faudra huit avant-projets pour aboutir au projet final. Le bâtiment est implanté dans une prairie lumineuse, entre les chênes et les hêtres. Il s'intègre harmonieusement au site et à sa topographie, en tirant parti de la vue dégagée au sud-ouest, vers la vallée. Le plan, fonctionnel et cohérent, permet le bon déroulement des activités monastiques. La partie arrière, plus calme et dégagée, reçoit ainsi les espaces dédiés à la vie communautaire, alors que les espaces avant sont consacrés à l'accueil des visiteurs. L'église, dont l'accès est précédé d'un jardin intérieur, est positionnée au cœur du site ; elle se pose comme le point de rencontre entre les religieuses et les fidèles. La rigueur et la simplicité, de mise dans l'architecture cistercienne, sont identifiables autant dans le plan que dans la matérialité elle-même. L'ensemble du projet – les façades comme la structure interne – est construit en éléments préfabriqués, si bien que le béton est apparent à l'extérieur comme à l'intérieur. Il s'agit de l'unique réalisation d'envergure de l'architecte Frans Laurent, ce qui peut expliquer le fait que, malgré son intérêt architectural, cette abbaye a très rarement été publiée.
Anne-Laure Iger