Isolé en plein bois, le pavillon de weekend est construit en bois et recouvert d'ardoises, révélant, sous une apparence de cabane rudimentaire, une conception raffinée et une exécution soignée, fortement marquées par la formation de menuisier qui a amené Bruno Albert aux études d'architecture.
Le programme est simple et s'appuie sur un mode de vie en contact étroit avec la nature. Le pavillon s'implante dans une clairière, sur un replat du versant tourné vers le nord. Cette orientation fonde la posture du projet : un volume tendu vers le captage de la précieuse lumière solaire par un grand hublot zénithal entre les frondaisons des arbres, une large baie vitrée ouvrant sur la clairière. Le volume est obtenu par découpe d'une pyramide tronquée à base octogonale ; la charpente en bois et les revêtements intérieurs en simples planches ainsi que les maçonneries de blocs de béton sont blanchis, créant ainsi une spatialité légère et lumineuse au cœur du sous-bois.
Douze ans après la construction du pavillon de villégiature, le docteur Herzet quitte sa maison de Liège et commande à l'architecte le projet d'une maison familiale dans le même site boisé. L'orientation défavorable du versant nord commande toute l'organisation du projet : pièces de vie à l'étage, véranda-rotonde qui permet de capter le soleil par-dessus la colline, espace de séjour sous sa haute voûte en berceau, pour amener la lumière loin dans l'espace intérieur.
Les plasticiens L. Wuidar et G. Dederen interviennent sur les portes coulissantes pour l'un, au niveau du plafond voûté pour l'autre. Le volume est couvert par une toiture à trois versants, caractérisé par un pignon puissant auquel s'adosse la rotonde vitrée. L'ensemble est bardé d'ardoises naturelles. Le plan est symétrique, palladien avec des renvois de vues dans les quatre directions, dans un esprit de monumentalisation domestique.
L'écriture architecturale de Bruno Albert atteint son apogée avec ce projet où l'ensemble et chaque détail font l'objet d'une véritable mise en abyme entre classicisme, contextualité et langage néovernaculaire, renvoyant aux réflexions de Robert Venturi sur l'ambiguïté et la complexité en architecture.
Aloys Beguin
Sources |
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«Habitation de vacances, chemin de la cloche à Esneux» dans Environnement, n° 4, avril, 1971, p.166-169 |
Francis Strauven & Geert Bekaert, La construction en Belgique 1945-1970, Bruxelles, Confédération nationale de la construction, Ministère des Travaux publics, 1971, p.238 ; 253. |
C. Genders, «Poëtische interpretaties van het classicisme - Het oeuvre van Bruno Albert» dans De Architect, mai, 1990, p.86-97 |