Frankinet a 30 ans lorsqu'en 1907, il réalise cette maison. Il vient juste de se réinstaller dans sa ville natale après sept années passées à Bruxelles où, imprégné de l'Art nouveau, il a construit plusieurs maisons dont la sienne, y expérimentant toutes les ressources du vocabulaire de ce style déjà finissant. Il s'agit, ici, à Dinant, d'une œuvre de maturité, sans doute une des plus abouties de cet architecte prolifique. L'agencement élaboré de la façade fait majoritairement usage d'un matériau régional, la pierre bleue qui impose sa tonalité aux quelques pans de briques grisâtres et donne à l'ensemble une impression de puissance malgré l'accumulation de détails inventifs, plus géométriques que sinueux. Éclairant les pièces principales, l'oriel sur deux niveaux, à peine saillant, est soutenu par un vigoureux larmier. À son sommet, il est couvert d'un petit toit en ardoises et est auréolé d'un grand arc outrepassé, dont le fond est décoré de sgraffites signés par le peintre et architecte Paul Cauchie. Frankinet s'était lié d'amitié avec ce dernier et, sans doute, avait-il vécu de multiples collaborations avec lui à Bruxelles. Sous une belle corniche recourbée en bois peint de blanc, le dernier niveau constitue la seule partie symétrique sur la façade. Il est percé d'une double série de quatre baies à arc en plein cintre, dont le rythme révèle le tracé régulateur de la composition, trouvant notamment écho dans la modulation de la travée latérale au premier étage. Les deux maisons voisines, aux n° 51 et n° 55, plus ordinaires, sont également conçues par Édouard Frankinet.
Pierre Van Assche
Sources |
---|
Ministère de la Région wallonne, Le Patrimoine monumental de la Belgique. Wallonie. Vol. 22.1, Namur, arrondissement de Dinant, Liège, Mardaga, 1996, p.426. |
D. Jacobs, Édouard Frankinet architecte (1877-1937), Louvain-la-Neuve, UCL, Licence en Histoire de l'art, 1991 |
«Banque Images du Service Public de Wallonie» sur le site Banque Images, en ligne http://lampspw.wallonie.be/, consulté le 01/02/2020 |