Château de la Roseraie

Riche tanneur de Péruwlez, Edmond Baugnies acquiert un vaste domaine de 3 ha rue de la Drève (actuel boulevard Léopold III), lieu de prédilection des industriels prospères qui y bâtissent leurs hôtels. La Roseraie est aménagée en 1908 en jardin paysager, agrémenté d'une pièce d'eau et d'une fontaine en rocaille. Des sentiers sinueux ponctués de grottes et de rochers y sont réalisés dans les nouveaux matériaux de l'époque – le béton armé principalement – et offrent des promenades dans les sous-bois alentours. Le tracé s'inspire de la courbe, et la composition témoigne d'un goût prononcé pour l'exotisme. Tulipiers, séquoias et autres variétés coloniales évoquent d'ailleurs les voyages d'explorateurs. Devant son parc, Edmond Baugnies souhaite une villa aux allures de château : il organise un concours de façade, dont l'architecte Emile Van Nooten – ancien chef de l'atelier de Paul Hankar, figure majeure de l'Art nouveau – est proclamé lauréat.  Les exigences stylistiques du propriétaire sont telles que les plans sont revus sans cesse, appuyant l'éclectisme de la composition, à l'exception de certains détails (corniches, châssis, encadrements en pierre, etc.) où le dessin témoigne d'une plus grande liberté de conception. L'architecte utilise des avancées et des recoins, le tout agrémenté de balcons, de bow-windows et de colonnes historicisants, ainsi que d'une massive tour en pierre articulant la façade. Le grand hall distribue le rez-de-chaussée (salons et jardin d'hiver) et les deux étages. Conservé en l'état, l'intérieur est tout aussi hétéroclite, aucune pièce n'est similaire. Siège de la Kommandantur pendant la guerre, acheté par l'état juste après, le château est affecté, depuis 1996, en Centre de dépaysement et de plein air de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Dimitri Kajdanski