Siège De Heug
Jalon XX

Immeuble à appartements Bureaux

1933 1933
Réalisé

Installé dans un angle, le long du quai de Brabant, cet important immeuble de six étages a été conçu par Marcel Leborgne pour abriter des logements, mais surtout les salles d'exposition, de présentation et d'essais du marchand de pianos, De Heug. Considéré comme l'une des œuvres les plus importantes de Marcel Leborgne, le bâtiment constitue l'un des ouvrages les plus aboutis du Mouvement moderne, à Charleroi. Si les niveaux intermédiaires sont uniquement dédiés aux logements, le rez-de-chaussée et le dernier étage sont entièrement alloués à la vente de pianos. Au premier niveau, les clients peuvent déambuler dans un espace de monstration alors que tout en haut, ils sont à même d'essayer les instruments. Les différents étages sont desservis par une cage d'escalier circonscrite dans un grand cylindre de verre, se déployant le long de l'ensemble de la façade et marquant sa verticalité. Cet effet est contrebalancé par les balcons qui se déploient et étirent horizontalement la construction. Réalisation contrastée, l'architecte joue aussi avec la matérialité en juxtaposant châssis en métal sombre et marbres de tons clairs. La pierre, de manière assez innovante, a d'ailleurs servi de coffre perdu au béton qui a été coulé après sa pose. Le marchand de pianos quitte les lieux, en 1980, et laisse place à une agence de douane ; l'enseigne  « De Heug » est alors remplacée par « Dolisy », nom du nouvel occupant du rez-de-chaussée, le dernier niveau ayant été transformé en logements. En 1995, le bâtiment est partiellement classé (façades, toitures et cage d'escalier). Cependant, cette inscription à la liste des bâtiments remarquables n'empêche pas la dégradation progressive et avancée de la construction. En 2014, il est même envisagé de le détruire ; c'est une mobilisation citoyenne soutenue par des architectes et des historiens belges, unis autour du fonctionnaire délégué,  qui finalement permet la sauvegarde du bâtiment. La restauration complète de l'édifice est alors décidée. 

Anne-Laure Iger, Maurizio Cohen

Sources
Marcel Leborgne : un moderniste belge, en ligne http://www.marcelleborgne.be, consulté le 25/11/2017
Alix Ter Assatouroff & Renaud Dumont de Chassart, Depelsenaire - Leborgne - André, de l'altération des modèles, Bruxelles, ENSAAV, Architecture, 1977
Jean-François Kremer, Une analyse critique de la démarche de Marcel Leborgne, Bruxelles, ISACF La Cambre, 1988
Pierre-Louis Flouquet, «Les frères Leborgne. Francs tireurs de l'architecture ou le débat de la logique et de l'invention» dans Bâtir, n° 20, Bruxelles, juillet, 1934, p.778-781.
Anne-Catherine Bioul, «Marcel Leborgne ou le choix de la modernité "humaine"» dans Les Cahiers de l'Urbanisme, n° 73, septembre, 2009, p.81-85.