Musée Lapidaire de Montauban-sous-Buzenol
Jalon XX

Musées

1960 - 1960 1960 - 1960
Réalisé

En 1957, la mise au jour sur le site fortifié de Montauban-sous-Buzenol de l'exceptionnel bas-relief de la Moissonneuse des Trévires, décrite par Pline, allait mener à la création d'un parc archéologique, puis, après celui de Virton en 1937, d'un deuxième musée gaumais sur le site même des découvertes. Cette opération fut rendue possible grâce aux subsides reçus par les provinces en compensation des investissements réalisés à Bruxelles dans le cadre de l'Exposition universelle de 1958. Edmond Fousse, conservateur du Musée gaumais, fait alors appel à un jeune architecte qui avait dessiné, entre autres, la toiture du pavillon « Faune et flore du Congo » sur le site du Heysel. C'est en 1960 que Brodzki conçoit le musée destiné à accueillir les blocs sculptés retrouvés sur le site aujourd'hui classé patrimoine majeur de Wallonie. Le défi était de taille par le fait qu'outre son insertion au cœur du lieu, le musée ne pouvait être pourvu ni d'eau, ni d'électricité, ni de chauffage et encore moins de gardiennage. Pour limiter l'impact visuel du futur bâtiment, Brodzki va tout d'abord imaginer un vaste parallélépipède de verre discrètement encastré à fleur de coteau. Henry Lacoste, alors président de la Commission royale des monuments et des sites, suggère plutôt d'enterrer le bâtiment dans une déclivité du terrain, tout en offrant aux visiteurs la possibilité de voir les bas-reliefs sans pénétrer dans le musée. Le projet final propose un ensemble de cinq cellules contiguës, couvertes d'une toiture végétale, implantées en dents de scie selon une orientation nord-ouest. Quatre d'entre elles présentent une face totalement vitrée, ouverte sur le paysage forestier et assurant la liaison entre intérieur et extérieur. L'option est ici, radicalement, au dépouillement extrême, souligné par la blancheur des volumes en béton aux arêtes incisives. Inscrit dans la quête du genius loci, le Musée lapidaire symbolise le nouvel esprit qui animait à l'époque certains architectes, soucieux d'introduire dans leur art les concepts nouveaux de respect du site et de souplesse dans l'emploi des formes. La logique fonctionnelle de celles-ci et le bon usage des matériaux sont ici intimement associés dans le but de magnifier la qualité du site. La modernité de ce petit musée ne cesse d'étonner encore aujourd'hui,  soixante ans après sa construction. Ses caractéristiques à la fois modestes et innovantes, son habileté à harmoniser les exigences du programme et la spécificité du site ont été mondialement reconnues au point que le musée soit sélectionné en 1968 comme seule réalisation belge présentée à l'exposition « Architecture of Museums » organisée par le Museum of Modern Art de New York. 

Jean-Paul Verleyen

Sources
«En guise de conclusion» dans Les Cahiers de l'Urbanisme, n° 25-26, septembre, 1999, p.159.
«» dans Chronique des musées gaumais, n° 219-262, 3e et 4e trimestres, 2009
Architecture of museums : [exhibition], New-York, Museum of Modern Art, 1968.