Jean Yernaux

Marbaix, 1930

Urbaniste de la ville de 1962 à 2000, architecte de commandes publiques d'envergure, Jean Yernaux est originaire du sud du Brabant. 

Après ses études à l'institut supérieur d'architecture Saint-Luc de Tournai, il travaille comme stagiaire à partir de 1955 dans l'agence bruxelloise de René Stapels. Ce dernier réalise d'ailleurs un garage d'Ieteren lié au ring de Charleroi, sur le modèle de son œuvre bruxelloise. Après son service militaire de deux ans, J. Yernaux rejoint le cabinet d'un parent éloigné, Joseph André, architecte à Charleroi. 

Au sein du bureau, où travaillent au départ l'architecte, Auguste Daloze et une secrétaire, il se voit confier, en 1958, l'étude du Palais des sports et de la jeunesse (futur Hall omnisports) dans le nord-ouest de la ville, un pôle d'attraction régional dont il faut gérer le flux de visiteurs, ce qui marque ses premières préoccupations urbanistiques. 

Il reçoit, en 1964, sa première commande de voisins de Marcinelle pour la construction de la villa Voiturier-Lagae à Gerpinnes, un style moderniste, tandis qu'il travaille toujours à des conceptions classiques chez J. André. J. Yernaux prend l'initiative de projets axés sur la mobilité qui contribuent à le faire nommer urbaniste de la Ville de Charleroi en 1962. Il développe l'étude de la ceinture autoroutière de front avec la modernisation des transports publics. Ces deux plans ont pour même objectif la décongestion du centre-ville et la connexion du tissu urbain clairsemé de toute l'agglomération. 

Fidèle aux principes de l'urbanisme moderne, il se réfère au plan « Anvers-Bruxelles-Charleroi » du Carolorégien Victor Bourgeois, il cherche à réaffirmer la puissance industrielle, l'identité économique et culturelle de Charleroi. Le projet du ring s'inscrit dans une échelle plus large dont l'objectif est de faire de la ville l'un des maillons de la dorsale nord-sud belge qui relie la France aux Pays-Bas. 

Ces thématiques animent l'ensemble de ses projets : auteur de seize stations du métro léger de l'agglomération entre 1974 et 1988, il consacre la majeure partie de son activité d'architecte à la commande publique - souvent liée au ring - dessinant le complexe Hélios, l'Office national de l'emploi de Charleroi, la Porte de Waterloo et le réaménagement de l'ancien site de la gare du Nord, la place de la gare du Sud, les espaces piétonniers… Il propose encore en 1992, au conseil communal, « Charleroi perspective 2000 », projet pour les cinquante-cinq quartiers de la ville. D'autres projets privés remarquables ponctuent également sa carrière : la tour Centre Europe, la librairie de la Bourse ou encore le complexe Blanche-Neige, érigé au sein d'un Plan particulier d'aménagement qu'il élabore, sur un terrain exproprié au nord de Charleroi, pour pourvoir les classes moyennes de logements modernes équipés de parkings. 

Clara Cahez et Judith Le Maire